(A J R D F) Association de Jeunes Ressortissants de Dioncoulané en France


le Festival International Soninké édition 2014

06/07/2013 02:16

 préparatoire pour le Festival International Soninké édition 2014

Adressé à Monsieur le Président du FISO

 

Monsieur Diadie SOUMARE

 

Document élaboré par :

 

Monsieur Seydou DAFFE, chargé de mission à l’APS

 

 

 

 

 

Fait à Paris mai 2013

 

I Historique :

 

La 3ème édition du F.I.SO est l’aboutissement d’une longue lutte pour la reconnaissance et la valorisation de la langue et de la culture soninké.

 

Ce mouvement a été impulsé au départ par l’APS Mauritanie, l’APS France, Wanaago au Mali, le Wagadou jiida au Sénégal.

 

Ce mouvement rassemble aujourd’hui les ressortissants de tous les pays soninké allant de la Mauritanie au Sénégal en passant par le Mali et la Gambie, ainsi que la diaspora soninké à travers le Monde.

 

L’APS France est née en 1979 autour de la question de la culture et de la langue, de son écriture et de sa transmission.

 

Elle a ensuite élargie rapidement son objet au social et à la citoyenneté.

 

L’usage de la langue soninké est d’une importance capitale dans le contexte de l’immigration africaine en France. Elle constitue la principale langue africaine parlée. Les autres principales langues parlées qui suivent sont : le wolof du Sénégal, le lingala des deux Congo, le peuhl et le bambara (mandingue) parlés dans divers Etats d’Afrique occidentale.

 

Après l’indépendance des pays comme le Mali, la Mauritanie, le Sénégal, le Niger et la Guinée ont compris toute l’importance des langues maternelles dans l’apprentissage et l’appui qu’elles pouvaient constituer pour la passage à une seconde langue en particulier le français.

 

L’utilisation écrite du soninké et des autres langues africaines constitue un important moyen d’épanouissement culturel et représente l’une des principales conditions pour la libération politique et le développement économique et social de l’Afrique et de ses peuples.

 

C’est pourquoi dans certains pays l’enseignement des langues autochtones comme le soninké ont été introduites dans l’enseignement primaire comme l’alphabétisation des adultes.

 

Ici en France et ailleurs, grâce aux actions conjuguées et convergentes de plusieurs acteurs dont l’institut des langues en Mauritanie, la DNAFLA au Mali, l’ORDIK-GRDR à Kabaté,la radio rurale de Kayes, le centre de formation du GRDR à Bakel, le centre Jim Valiant et Mody Bathily à Rouen, l’Ifan de Dakar, l’APS-Mauritanie, l’APS-France ; c’est un immense travail de pionniers qui a été engagé.

 

En France le soninké et son utilisation écrite ont été principalement développés par le C.R.E.S et l’APS par la transcription de la langue soninké en alphabet latin.

 

-         Par la rédaction et la publication d’ouvrages didactiques et pédagogiques,

-         Pour l’apprentissage du soninké dans le cadre du bilinguisme,

-         Par l’organisation de cours d’alphabétisation et d’animation bilingue et culturelle pour les enfants.

                        

Enfin les membres de l’APS ont été à la base de la confection du dictionnaire soninké-français/ français-soninké et ont encouragés et aidés à la réalisation de thèses de doctorat sur la société Soninké, sa culture et sa langue.

 

C’est à partir de toutes ces actions que le soninké a gardé dignement sa place dans le concert des langues parlées et écrites.

 

On peut affirmer aujourd’hui en toute humilité et en toute certitude que le soninké est la langue africaine la plus utilisée dans les réseaux sociaux grâce à soninkara.com et à beaucoup d’autres sites animés par de jeunes soninké.

 

L’APS a toujours considéré l’utilisation de la langue et de la culture comme un puissant levier pour la sauvegarde de l’identité et des valeurs culturelles en vue d’une intégration sociale, professionnelle et un important moyen d’épanouissement dans le cadre de la citoyenneté et de la diversité au sein de la République française.

 

II Une communauté spécifique face aux défis contemporains.

 

La civilisation Sooninke est l’une des plus anciennes de l’Afrique de l’Ouest. L’origine des Sooninke suscite encore de nos jours des controverses.

 

Malgré ces polémiques, tous s’entendent, néanmoins, à admettre, que les Sooniko ont considérablement influencé culturellement, socialement et économiquement toutes les contrées qu’ils ont traversées au cours de leur longue pérégrination.

 

Ils ont fondé Wagadou, l’un des plus grands empires anciennement connus de l’Afrique noire, le mieux organisé militairement, administrativement, culturellement, qu’El Bekri nommera Ghana.

 

Ce vaste empire englobait une partie du Sénégal, du Niger, de la Mauritanie, du Mali, de la Gambie ; du bord du Sahara au nord et de la Guinée-Bissau et de l’actuelle Guinée Conakry au sud.

 

Les fouilles effectuées à Kumbi Saleh, sa capitale située dans le sud-est mauritanien, montrent à suffisance la richesse, la splendeur et la grandeur de cet empire.

 

 Au 11ème siècle, sous l’assaut des almoravides et la formation de l’Empire du Mali, son déclin s’amorce. Ainsi va le monde. Une nouvelle migration recommencera pour les Sooninko et les disséminera dans toute l’Afrique.

 

En dépit de cette dispersion, les Sooninko restent solidement implantés et ancrés dans leur culture et leurs valeurs ancestrales au Mali, au Sénégal, en Mauritanie, en Gambie ; ils vivent sous d’autres dénominations dans des pays comme le Niger, le Nigeria, le Liberia, le Burkina Faso, etc.

 

Grands voyageurs de tous les temps, ils forment de fortes communautés, également en Europe, notamment en France, aux USA et maintenant en Asie et au Moyen Orient.

 

La contribution des Sooninko au développement de leurs pays d’origine, est très significative et hautement appréciée.

 

Peuple laborieux, solidaire, il se caractérise par son rejet systématique de compromission, de toute forme de dépendance, et son ancrage profond à son patrimoine culturel et linguistique.

 

Concrètement l’APS France dans ses activités s’est appuyé sur trois volets pour une intégration globale de la population Soninké en France, en ayant comme principal axe de travail, l’adaptation permanente de la culture et de la langue soninké à l’évolution de l’environnement.

 

Le volet culturel englobe la scolarité, les cours de langue soninké pour divers publics, l’alphabétisation pour les adultes, les cours de soutien en français pour des élèves en difficulté, les cours d’arabe pour des femmes qui le désirent.

 

Le volet socio-économique : l’insertion des jeunes, accès à l’emploi, accès au droits sociaux, l’accès aux soins de santé, les problèmes de logement, la médiation familiale et/ou socio-culturelle, l’accompagnement pour les démarches administratives, etc. Ces actions socio-économiques ne s’adressent pas seulement aux soninkés : elles s’adressent à tous les usagers qui fréquentent les locaux de l’APS, Soninkés ou non.

 

Le volet citoyenneté est une action importante de l’APS. Grâce à une conscientisation régulière à travers des discussions, des débats et des émissions radiophoniques, des jeunes ont massivement investi le champ politique français. Aujourd’hui, ils sont devenus très actifs dans le monde des associations, des ONG, des partis politiques de tous bords. Ils sont conseillers municipaux, conseillers régionaux, conseillers généraux, nos jeunes ont décidé désormais de prendre leur destin en main dans action sociale militante et politique dans le cadre de la République Française .

 

C’est ainsi que l’APS France a pu réaliser ses objectifs fondamentaux de départ, comme la défense des intérêts matériels et moraux des travailleurs immigrés soninkés ainsi que leur famille et sa fonction de médiation sociale et culturelle auprès des populations immigrées. Contribuant ainsi à une insertion harmonieuse des communautés soninké en France, elle a favorisé les échanges avec d’autres populations.

 

La prévention des échecs scolaires peut s’inscrire aussi comme une réussite avec toute l’aide et l’appui que l’APS a pu apporter aux enfants immigrés en difficulté.

 

Enfin, l’APS a développé et enrichi le patrimoine culturel et linguistique soninké.

 

La voix de l’APS à la radio constitue  un vecteur mondial pour la promotion de la culture.

 

Avec ses techniciens, ses animateurs et ses journalistes formés aux technologies les plus avancées, permettent aujourd’hui à la communauté soninké de se retrouver dans le village planétaire qu’est devenu le monde.

 

Malgré ses différentes réussites l’APS a conscience que ce qui reste à faire demeure un chantier gigantesque et pense en même temps au devoir de génération et à la passation de témoin entre les fondateurs et la génération montante.

 

Dans le monde d’aujourd’hui, ce sont toutes les cultures qui sont battues en brèches avec la montée en puissance des nouvelles technologies de la communication et de la globalisation. La culture et l’identité deviennent des questions majeures liées à la survie même des groupes humains.

 

La question angoissante que l’APS se pose, c’est celle de savoir comment le soninké doit trouver sa place dans la mutation civilisationnelle qui s’impose au monde.

 

La nouvelle ère numérique qui se caractérise essentiellement par la déterritorialisation arrache les hommes à leur culture pour en faire des citoyens du monde. Ce phénomène constitue un défit pour toutes les identités. Particulièrement pour les soninkés dont un marqueur fondamental de l’identité est l’inscription dans le terroir, terre-mère dont ils constituent une graine. D’autre part les soninkés ne sont-ils pas le peuple africain le plus globalisé ?

 

Ce paradoxe  nous a conduit à l’APS à nous poser une série de questions en vue de la préparation de la 3ème édition du F.I.SO :

-         Quels sont les obstacles qu’il faut franchir aux soninkés pour trouver leur place en tant que communauté, groupe culturel, groupe de civilisation, comme ils ont pu le réussir dans le passé ?

-         Quels sont les voies et moyens qu’ils peuvent emprunter pour exister, s’affirmer et assurer leur continuité historique, culturelle et valeurs de civilisation dans le monde du 21ème siècle ?

-         Quelles armes faut-il s’approprier pour affronter le monde présent ?

-         Quelle forme d’identité permettre aux sooninkos de s’ouvrir au monde d’aujourd’hui tout en gardant le meilleur d’eux-mêmes ?

-         Quelle est la part de mutations internes nécessaires pour exister et s’adapter au monde ?

-         Comment le groupe soninké peut-il renforcer le dialogue et l’échange d’expériences avec les autres communautés linguistiques ?

 

Ici comme ailleurs les problèmes majeurs demeurent ceux du « vivre ensemble », de l’emploi et de l’employabilité, de la création de la richesse et celui du partage équitable.

 

L’APS est aujourd’hui consciente d’être à un carrefour important de son histoire et de la transmission de sa mémoire, de sa pratique à la génération montante à un moment où la diaspora africaine devient le premier investisseur en Afrique.

 

C’est pourquoi elle a engagé un travail vigoureux de capitalisation de l’expérience afin de développer d’autres activités mieux adaptées aux besoins et réalités actuelles.

 

Ces questions de société évoquées plus haut ont été d’abord soulevées lors de la deuxième édition du F.I.SO (Festival International Soninké) en février 2012 à Kayes.

 

III Le festival international soninké : un moment de communion autour des valeurs sacrées et une direction à trouver ensemble.

 

IV  Programme et budget du 3ème F.I.SO

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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